L'école italienne : Bienvenue dans la 4ème dimension

Non pas que l’école soit un autre monde, entendons-nous. En fait, l’Italie se situe définitivement dans un autre monde en ce qui concerne la façon d’appréhender l’enseignement.

Commençons par l’école primaire (scuola elementare) :

Lucas a reçu son bulletin. En réalité, il n’y a que deux bulletins par an. Les conditions de réussite sont : 60% au total et dans toutes les branches (on tolère quelques notes inférieures). L’essentiel étant surtout l’amélioration des résultats. Ceci vaut pour les trois niveaux d’études. Revenons-en à notre Lulu. Remise du bulletin. Réunion des parents. Nous sommes attendus, sur rendez-vous. Les deux principales institutrices de Lucas sont là pour nous accueillir. J'en profite pour rappeler qu'en Italie, même pour être institutrice primaire, il faut faire des études universitaires et on voit la différence (même si certaines institutrices sont très compétentes après l'école normale, et certains professeurs aussi ^^). Leurs commentaires sont pesés, prennent en compte la situation de l'enfant et elles le connaissent vraiment bien. Elles savent même la déconvenue subie le jour même par le charmeur qui s'est entendu dire "je préfère que nous restions amis" par la belle Benedetta. Conclusion : un bulletin où ne figurent que les cotes qu'elles ont pu indiquer compte tenu que Lucas est en phase d'alphabétisation en Italien. Elles sont conscientes que c'est un enfant intelligent et éveillé. Elles lui apportent toute l'aide possible tout en l'intégrant le mieux possible à la classe. Comme le cher enfant a tendance à "oublier" de noter ses devoirs et qu'elles n'ont pas le temps de le surveiller ou de compléter son journal elles-mêmes, elles proposent de lui adjoindre un compagnon de classe qui surveillera qu'il ait correctement copié les informations nécessaires.

A l'école secondaire (media), Laura aussi a reçu son bulletin, moins joli, celui-ci. Rencontre avec sa titulaire qui m'annonce que notre fille ne semble pas faire les efforts nécessaires et qu'elle s'inquiète de sa possible réussite. Elle ajoute que, de toute façon, il ne faudrait pas considérer le redoublement (si tel devait être le cas) comme une punition mais plutôt comme une opportunité de débuter l'année prochaine avec une bien meilleure connaissance de la langue. Autant dire que la perspective de se retrouver l'année prochaine dans la classe de son petit frère n'enchante guère ma fille qui a commencé à se reprendre en main, sérieusement. Nous verrons ce qui en sortira.

Le secondaire supérieur (superiore) : Robin, c'est le summum : je suis invitée par son Directeur (Preside) pour un entretien. Il s'agit de me proposer des cours particuliers. Vu notre situation financière, je ne me réjouis pas à l'idée de l'entendre me dire à quel point il serait utile que mon fils suive des cours particuliers ! Je me rends au rendez-vous et vois une jeune femme qui, je le déduis en l'écoutant parler avec la concierge (bidella), est une prof qui vient pour Robin. Je me sens un peu coincée, j'ai bien l'impression qu'on va me forcer la main : votre fils a bien besoin de cours particuliers, vous ne connaissez pas de professeur? Qu'à cela ne tienne, je vous présente Melle... En fait, une fois de plus, je me tracasse pour rien. Une fois dans le bureau, le Directeur m'explique effectivement à quel point il serait utile à mon fils de suivre des cours particuliers en italien, que la demoiselle ici présente est spécialisée dans l'enseignement de l'italien langue étrangère, qu'elle manque encore un peu d'expérience mais est probablement très capable... et que l'école me demande si je suis d'accord qu'elle prenne mon fils une heure et demi chaque lundi, après l'école. Si tel est le cas, son contrat est déjà préparé. Et oui, c'est l'école qui prend en charge l'engagement de cette demoiselle pour quelques heures par semaine pour trois élèves étrangers (Robin le lundi et deux condisciples le mardi). Waw ! Il ajoute une nouvelle proposition pour laquelle, me dit-il, il lui faut expressément mon accord écrit : une prof de l'école peut-elle prendre Robin lors de ses heures de fourches (à elle), quitte à lui faire rater quelques heures de math ou physique ou autre ? L'accord écrit, c'est juste histoire qu'en cas d'échec je ne me retourne pas contre l'école qui aurait mis Robin en difficulté en le privant d'heures salutaires ! Non, non, monsieur le Directeur, vraiment pas de souci. N'hésitez pas à le soustraire !

Lo spazio giovane :

Autre initiative, de la commune cette fois : les enfants sont pris en charge par des enseignants et des éducateurs de 15 à 18h trois jours par semaine. De 15h à 16h30, ils font leurs devoirs. Il faut reconnaître que les élèves italiens sont encore plus bruyants que les belges, ce qui n'est pas peu dire ! Bon, les Italiens parlent fort, c'est bien connu... leurs enfants aussi ^^'. A l'espace jeune, c'est pire encore. Mais bon, l'avantage principal est que nos enfants parlent avec leurs copains en italien, le plus possible. De 16h30 à 18h, ils s'occupent de différentes façons. Le lundi, ils font la cuisine. Laura nous a déjà rapporté des minis pizzas et de petits biscuits sablés délicieux (à noter que je n'ai pas qualifié les pizzas ^^). Les deux autres jours, ils jouent principalement. Ce n'est pas encore vraiment bien organisé, structuré, mais la bonne volonté y est. Concernant l'inscription, Laura avait reçu un bulletin d'inscription à l'école mais pas Robin. Il s'était présenté sans aucun papier le premier jour. La fois suivante, on lui a signifié qu'on ne pourrait plus l'accueillir parce qu'il y avait trop d'inscrits et que, son inscription étant tardive, il passait après les autres, malheureusement. Un professeur à la retraite, celui qui s'occupe du groupe des grands, est intervenu, usant de son influence, pour que Robin puisse réintégrer le groupe en raison de l'UTILITE que cela représentait pour Robin. Ce qui fut fait ! Il est évident que leur présence à l'espace jeune est également stratégique : il est important que leurs professeurs voient qu'ils ont la volonté de s'intégrer (valeur très importante ici) et font ce qu'ils peuvent pour y parvenir. Ah oui, j'allais oublier, vu ses résultats en math, il se rend dorénavant, comme une bonne moitié de sa classe aux cours de rattrapage de math donnés le mardi entre 14h30 et 16h et ce, toujours à charge de l'école !

A propos d'effort, le Directeur de Robin m'a également parlé de la volonté dont mon choupinet fait preuve en matière d'étude, proche un zéro absolu, avouons-le. Il m'a demandé s'il travaillait beaucoup pour l'école à la maison. Je lui ai répondu honnêtement que non, probablement pas assez. Selon lui, c'est bien ce que lui ont dit les professeurs, ajoutant qu'il avait des résultats bien inférieurs à ses capacités... tiens tiens, j'ai déjà entendu ça quelque part et pourtant, en italien, ça ne sonne pas pareil ! Il s'est contenté d'ajouter que ce serait bien que Robin prenne conscience que l'école se bouge pour lui et qu'il serait approprié qu'il se bouge aussi ! Positif comme approche, je trouve !

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